Coup d'sang

Soudain ça me monte, et ça me vient de loin.
D’aussi vrai que l’enfance.
D’aussi prêt qu’une morsure.
Ça me vient, ça remonte.
Tout vole en éclats.
Mes pensées, mes gestes.
Et les verres devant moi.

Ça m'emmène et j'y vais, des éclaboussures dans la voix, des tambours plein la tête, cent mille ans de fureur qui claquent en une effraction de seconde.
Un AVC moral.
Cent verrous qui cèdent d’un coup et me libèrent les poings.
Je vais déchiqueter son sourire, piétiner sa gueule sous mille galops, étriper ses yeux du bleu des étés, estropier sa moindre pensée.
Le coup part… le frôle d’un cil, déchire sa chemise, me fissure la lèvre par hasard, et pas de chance.
Autour, dans le brouillard, des voix supplient, hurlent ou me raisonnent comme un gamin.
Des bras se hérissent.
On me pousse en arrière, on le tire vers le fond.

Lui d’un côté.
Moi, de l’autre.

Chacun son croûton de comptoir, des miettes de fureur plein les poches.
- R'garde : il m'regarde !
Faut en sortir un.

Pourquoi moi ?